AVEC AUDE SAMAMA
Bulle Berry, XX ème festival de bande dessinée
Bourges, le 01/10/16
Des dessins pour peindre des destins
Loin de l'académisme de la ligne claire et du croquis de reportage, le travail d'Aude Samama s'apparente au dessin de Lorenzo Mattotti. Cette analogie (notre esprit à besoin de trier, classer, comparer) ne l'enferme dans aucune contrainte, si ce n'est de rendre l'intensité du ressenti par une pâte de couleurs, d'ombres, de cadrages au service du récit. Pas question non plus d'obéir aux sacro-saints canons des normes américaines. L'aventure ici ne tient pas dans un subtil enchaînement de rebondissements mais dans l'expérience de l'instant : une situation, un lieu, une personne. Denis Lapière, fidèle scénariste, partage le même goût pour raconter des trajectoires d'individus cherchant une place au soleil. Ainsi dans A l'ombre de la gloire, se croisent durant l'Occupation un boxeur tunisien et une starlette proche d'un officier allemand. Ils adaptent le magnifique roman de Jack London, Martin Eden, (trois ans d'un album de 200 pages). Ce récit transposerait la quête de London d'une reconnaissance sociale, d'une quête du succès, de l'amour, de la richesse. Pierre Bayard parle de ce roman comme "le texte prématuré de son autobiographie" (Demain est écrit).
Dans la production d'Aude Samama, les jazzophiles auront remarqué, chez Nocturne, un Bessie Smith à côté d'un Amalia Rodriges et un Serguéï Rachmaninov. Des destinées qui précipitent ces artistes dans une expression vive. Puisque vivre, c'est aussi ressentir, Aude Samama peint des bandes dessinées expressionnistes.